LETTRE DE LIAISON


des militants combattant
pour le FRONT UNIQUE
des syndicats de l'enseignement public



Lettre de liaison N° 93 - 25 mars 2005

Pourquoi la loi Fillon est-elle passée ?


Contre l'avis de la direction nationale, le congrès académique du SNES se prononce pour que le SNES appelle à voter Non au référendum.


Introduction

Force est de le constater, la loi Fillon de destruction de l'enseignement public vient d'être définitivement adoptée par l'Assemblée Nationale le 24 mars. Pourquoi, alors que les lycéens se sont massivement mobilisés, tentant d'entraîner avec eux les enseignants, le gouvernement a-t-il pu faire passer sa loi ? Le refus des directions des organisations syndicales, en particulier du SNES, d'appeler à la manifestation centrale à l'Assemblée Nationale le jour du vote a empêché le mouvement de se centraliser contre le gouvernement et sa politique.

Les militants du courant Front Unique sont intervenus au cours du congrès académique du SNES de l'Académie de Clermont pour l'appel à la manifestation centrale à l'Assemblée, vous lirez leur intervention dans ce numéro.

Ces militants sont aussi intervenus pour que le SNES appelle à voter au référendum pour le double "Non": Non à Chirac, non au traité constitutionnel (voir motion plus loin). Si notre motion n'a pas été adoptée, un vote de principe a été émis par le congrès pour que le SNES donne une consigne de vote "non", et ceci contre la volonté des représentants de la direction nationale, dont le refus de consigne aboutit en réalité à protéger le gouvernement et Chirac: "Le congrès académique se prononce pour l'appel à voter non au référendum sur le traité constitutionnel, et mandate sa délégation pour défendre cette position au congrès national". La décision a été prise par 28 pour, 11 contre et 3 abstentions.

L'orientation de la direction nationale a été rejetée par de nombreux syndiqués, surtout là où sont présents des militants de notre courant: les résultats du vote sur le rapport d'activité montrent une nette progression des votes "contre", et dans le Puy-de-Dôme, par exemple, les votes "pour" n'atteignent pas les 50% des exprimés. Ceci nous montre la nécessité de notre combat dans l'organisation syndicale pour qu'elle redevienne un véritable outil de lutte pour la défense de nos acquis.

Aujourd'hui, la concertation avec Dutreil sur la casse des statuts de la Fonction publique a démarré, et, une fois de plus, les dirigeants des organisations syndicales ont répondu à l'appel du gouvernement. Il faudra donc leur imposer la rupture avec ce gouvernement.

Dirigeants de la FSU, de la CGT, de FO, du SE-UNSA:

Quittez la concertation sur la "modernisation de la Fonction Publique"!

Exigez le retrait du projet Dutreil de casse des statuts!


D'autres interventions au congrès académique du SNES Clermont, ainsi que l'ensemble des motions Front Unique soumises au vote.
Intervention Front Unique au congrès du SNES de l'Académie de Clermont-Fd, lundi 14 mars.

Notre congrès se réunit dans un contexte particulier: depuis des semaines, les lycéens sont fortement mobilisés, et le sont sur le mot d'ordre de "Retrait total du plan Fillon". De plus en plus, ils s'adressent à nous afin que nous combattions avec eux sur ce mot d'ordre. Les enseignants, quant à eux, ont donné leur position dans le cadre des journées d'action qui leur était imposé.

Or, cette détermination, la mobilisation des lycéens, n'aboutissent pas, à part sur le bac: le gouvernement maintient son projet de loi, et il a même réussit à le faire voter en première lecture, à l'Assemblée Nationale, le 2 mars.

On peut faire un parallèle avec les mobilisations de mai-juin 2003: mobilisations sans précédent, disponibilité au combat de toute la classe ouvrière, et à l'avant garde, les personnels de l'éducation nationale. Mais la réforme de destruction des retraites est passée. Ce fut une défaite cuisante, dont les travailleurs commencent à peine à se remettre. Pourquoi cette défaite? A quoi se heurtent encore aujourd'hui les lycéens et les enseignants?

En mai-juin 2003, le refus obstiné des directions des organisations syndicales à appeler à la grève générale, la décision d'enfermer les enseignants dans la grève reconductible établissement par établissement, a permis au gouvernement de faire passer son projet de loi.

La concertation sans discontinuer ou presque sur les retraites, sur la Sécu, sur le projet de loi Fillon, a permis au gouvernement de faire adopter ses lois. Quand on pense que la direction du SNES a porté à bout de bras la consultation Thélot, alors que celle-ci était rejetée par l'immense majorité des collègues!

A l'inverse, la mobilisation lycéenne a réussi à imposer aux dirigeants syndicaux de quitter la table des négociations sur le bac. Et le gouvernement a été contraint de surseoir sur ce point. Cela nous montre que ce gouvernement n'est pas invincible, pourvu que l'on se dispose pour le combattre.

Or, par exemple, le 15 février, alors que les lycéens étaient par dizaines de milliers dans les rues, les dirigeants des syndicats enseignants refusent d'appeler à manifester à l'Assemblée Nationale, qui discute ce jour-là du projet de loi Fillon. On appelle à manifester le plus loin possible de l'Assemblée, afin sans doute qu'elle puisse "débattre" tranquillement.

G. Aschiéri, dirigeant de la FSU, en donne à mon avis, la raison: Alors que les lycéens lancent le mot d'ordre: "Fillon: démission!", Aschiéri indique: "Fillon, démission: ce n'est pas notre mot d'ordre.". En d'autres termes: pas touche au gouvernement!

Aujourd'hui, les résultats du vote sur le rapport d'activité montrent que les syndiqués en ont assez de cette orientation: dans le Puy-de-Dôme, les votes contre et abstention sont supérieurs aux votes pour.

Aujourd'hui, il faut défaire ce gouvernement, il faut arrêter cette déferlante d'attaques anti-ouvrières: pour cela, la direction du SNES, de la FSU, doit cesser de protéger ce gouvernement, elle doit cesser toute concertation sur ses projets de loi destructeurs, notamment sur les projets de loi de modernisation de la Fonction Publique.

En ce qui concerne le projet de loi Fillon, celle-ci doit passer par le Sénat, puis par une commission parlementaire et enfin pour un dernier vote, à l'Assemblée, le 24 mars. C'est l'ultime possibilité que nous avons pour exiger le retrait de ce projet de loi: la direction du SNES, de la FSU doit appeler à une manifestation centrale à l'Assemblée Nationale, pour interdire à la majorité UMP de voter cette loi. Elle doit pour cela s'adresser aux autres organisations syndicales ainsi qu'au mouvement lycéen.

Motion déposée sur le plan Fillon.

Motion proposée par la section Sidoine Apollinaire sur le référendum proposé par Chirac


Le Congrès académique rejette la "constitution" européenne comme "constitution" réactionnaire visant à conforter l'offensive des différents gouvernements d'Europe contre les acquis ouvriers.

Les travailleurs qui rejettent la politique du gouvernement Chirac Raffarin, n'ont pas d'autre possibilité aujourd'hui de combattre le gouvernement sur ce terrain que le vote Non qui signifie:

Non au gouvernement et à sa politique

Non à la "constitution" européenne


C'est cette position que nous demandons au congrès national d'adopter.

Résultat du vote du congrès académique: pour 10, abstention 14, contre 17, refus de vote 0.


D'autres interventions au congrès académique du SNES Clermont, ainsi que l'ensemble des motions Front Unique soumises au vote.

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