Lettre de liaison N° 247 - 3 avril 2015 [Version pdf]
Projet de réforme
des collèges : programmes nationaux, horaires nationaux disciplinaires,
garanties statutaires des personnels : tout doit disparaître!
La responsabilité des dirigeants des organisations syndicales et
en premier lieu du SNES est claire :
- Prononcez-vous clairement pour le retrait total du projet de réforme !
- Rompez définitivement toute concertation sur ce projet ! Boycottez le CSE du
10 avril, étape de première importance pour faire passer la réforme !
Vallaud-Belkhacem « poursuit et accélère les réformes »...
Après la débâcle électorale des départementales, subie par le Ps et
le Pcf, et pour lesquelles les
travailleurs se sont très largement abstenus, le premier ministre annonçait à
l’Assemblée nationale son intention « de poursuivre et d’accélérer les réformes
». Et il indiquait qu’« il n’y avait pas d’autre politique possible que le
soutien aux entreprises » – traduisez : de soutien au patronat. En ministre
zélée du gouvernement Hollande-Valls-Macron-Pinel, Vallaud-Belkacem décidait
d’aggraver encore la contre-réforme du collège : il n'y aurait désormais plus
aucune norme nationale en matière d'horaire disciplinaire par niveau. Cela
signifie évidemment la disparition de tout programme national par niveau.
Naturellement, cette dernière mesure n'est qu'un des éléments – certes
déterminant - de la contre-réforme. Tout le reste est à l'avenant : réduction
massive de l'enseignement disciplinaire au profit de “projets
interdisciplinaires” définis localement, mutualisation des horaires entre
disciplines – par exemple les langues – disparition ou quasi disparition de
certaines matières telles le latin, etc. Pour les personnels, sous la bannière
de “l'autonomie” des établissements, c'est la mise sous la tutelle pédagogique
des chefs d'établissement, l'imposition sans limite d'une ribambelle de réunions
de toutes sortes en application du nouveau décret de 2014 (voir l'analyse
complète dans la lettre de liaison n° 244)
… suite à une concertation avec les directions syndicales depuis plusieurs
mois
C'est appuyée sur la concertation avec les directions syndicales depuis
plusieurs mois que la ministre avance sa contre-réforme. Il faut le dire : cette
concertation (en « off » comme dit la ministre) s'est menée de manière secrète
pendant des semaines et des semaines dans le dos des personnels. L'AEF cite le
ministère : "Les négociations 'off' ont commencé en janvier ! Et les discussions
multilatérales qui s’en sont suivies ont tenu compte de ces discussions
préalables. Au total, nous en sommes donc à trois mois et demi de discussion, ce
n’est pas un petit délai !"
Chacun peut mesurer aujourd'hui où a mené, où mène cette concertation. Comme
chacun peut mesurer les effets catastrophiques pour les enseignants du soutien
accordé par la direction du SNES au décret d’août 2014 qui liquide tous les
garde-fous que comprenaient les décrets de 50 en matière de réunions, de tâches
de tout ordre qui seraient désormais imposées aux collègues si la contre-réforme
passait.
Cependant les dirigeants du SNES, de FO, de la CGT ont été contraints de quitter
la table de la concertation le 31 mars.
Toutefois le 31 mars, suscitant le dépit et la colère de la ministre, dirigeants
du SNES, de FO, de la CGT et accessoirement du SNALC ont dû quitter la table de
la concertation.
La direction du SNES se fendait même d'un communiqué qui se concluait ainsi : «
Cette attaque contre le second degré n'est pas isolée. Les propositions faites
tant sur le décret sur les indemnités pour missions particulières que sur les
projets pour le collège, forment un tout cohérent pour transformer profondément
le second degré et nos métiers. Le SNES est déterminé à lutter contre cette
dénaturation du second degré. Il est nécessaire de débattre dès maintenant dans
les établissements et dans les assemblées générales prévues à l'occasion de la
grève du 9 avril, des modalités d'action pour obtenir le retrait de ces
projets ... » (souligné par nous)
Pourtant, quelques jours avant, la direction du SNES invitait les collègues à
des stages syndicaux avec notamment à l'ordre du jour… la discussion, matière
par matière, des nouveaux programmes de la réforme ! Autrement dit, la
perspective tracée alors par la direction syndicale était alors l'association
des enseignants à la mise en œuvre de la nouvelle réforme.
Que s'est-il donc passé ? Il s'est passé que dans de très nombreux collèges, il
y a eu une véritable levée de bouclier contre la dite réforme, au point qu'il
était tout simplement impossible à la direction du SNES de continuer sur cette
voie. C'est la preuve de la capacité des enseignants d'imposer par leur action
collective que le syndicat soit mis à leur service.
Pour que les directions syndicales se prononcent sans la moindre ambiguïté
pour le retrait total de la contre-réforme
Pour tous les enseignants, la question demeure cependant : comment peut-on
imposer au gouvernement qu'il remballe sans délai sa contre-réforme ?
- Il est d'abord nécessaire d'exiger des directions syndicales, en premier lieu
du SNES, qu' il se prononce clairement, définitivement pour le retrait de la
contre-réforme dans son intégralité. La direction du SNES parle du retrait « des
projets », évoquant par là la modulation par établissement des horaires
disciplines/niveau. Mais elle continue à dire qu'il pourrait y avoir du bon dans
les projets interdisciplinaires. Elle continue à se réclamer – alors même que
ses effets désastreux sont désormais avérés - du décret d'août 2014 ; Il faut
sortir des ambiguïtés. La direction du SNES qui comme syndicat majoritaire a la
responsabilité essentielle doit dire clairement : retrait pur et simple de la
contre-réforme !
- Les responsables syndicaux ont quitté la table de la concertation le 31 mars.
A voir la furie qui a saisi la ministre, on voit que c'est bien ce que le
gouvernement craint le plus : la rupture de la concertation dont elle a tant
besoin pour faire passer sa réforme. On voit à l'inverse ce que vaut
l'argumentation si souvent servie par les dirigeants : « On y va pour défendre
les revendications.... on y va pour ne pas laisser la place aux autres.... ». En
vérité, tant que les dirigeants syndicaux légitiment les projets gouvernementaux
par leur présence, tout va bien pour le gouvernement ! Il se trouve que du point
de vue de la concertation, il y a une échéance décisive : le CSE (Conseil
Supérieur de l'Education du 10 avril). La responsabilité des directions
syndicales SNES, FO, CGT est d’annoncer clairement qu'ils boycotteront le CSE.
Quant à l'argument selon laquelle il faudrait y aller pour voter contre,
rappelons simplement qu'il y a eu l'an dernier une majorité contre le décret
Hamon des rythmes scolaires... ce qui n'a nullement empêché sa mise en œuvre !
Pour le ministre, le résultat du vote est secondaire. Ce qui est décisif, c'est
que tout le monde soit là pour pouvoir dire : les représentants des personnels
ont été consultés !
- Le rejet massif des collègues pose la question : comment défaire le
gouvernement par l'action directe des enseignants ? Certains nous disent que
l'issue est dans l'appel des confédérations à la journée de grève du 9 avril. Il
est pourtant évident que la journée d'action du 9 avril n'est nullement
convoquée sur ce mot d'ordre de retrait de la réforme (A vrai dire, la journée
d'action du 9 n'est nationalement convoquée sur aucun mot d'ordre précis contre
le gouvernement !). Les enseignants doivent être mis en situation de décider
nationalement quelle action ils veulent mettre en œuvre pour obtenir le retrait
de la réforme. Pour cela, c'est le rôle des directions syndicales de convoquer
une conférence nationale des délégués d'établissement élus partout par des
assemblées générales du personnel au niveau de l'établissement, de
l'agglomération, de l' académie. Cette conférence nationale aurait pour but de
définir l'action à mener pour obtenir le retrait de la réforme. C'est sur cet
objectif que le courant Front Unique invite les collègues à combattre.