LETTRE DE LIAISON


des militants combattant
pour le FRONT UNIQUE
des syndicats de l'enseignement public


 

Vote national d’orientation fédérale de la FSU (20 septembre-11 octobre 2019)

Texte d’orientation du courant Front Unique

Pour en finir avec la politique de coopération avec le gouvernement, à travers le dialogue social continu

Pour que la FSU rompe avec le gouvernement Macron-Philippe, condition indispensable pour briser son offensive

Il faut commencer par tirer le bilan, particulièrement depuis 2017.

            L'appel à voter Macron

En 2017, la direction de la FSU appelle, sous une forme à peine voilée, à voter Macron sous prétexte de barrer la route au Front National et de lutte contre la xénophobie. En matière de barbarie anti migrants, Macron a vite montré qu'il n'avait rien à envier à Le Pen : équipement des patrouilles libyennes en Méditerranée qui font la chasse aux migrants pour les enfermer dans de véritables camps de concentration, déclarations de Castaner sur les ONG "complices des passeurs", etc.

            La bourgeoisie en rêvait depuis des décennies, Macron l'a fait !

- Une loi qui porte des coups décisifs contre le statut de la Fonction Publique : généralisation du recours au contrat, rupture conventionnelle comme dans le privé pour faciliter la liquidation de 120 000 postes de fonctionnaires, salaire au mérite, liquidation du rôle des commissions paritaires portant un coup décisif aux syndicats de la Fonction Publique.

- Liquidation du Bac comme premier diplôme universitaire à travers la réforme du lycée et Parcoursup. De Gaulle avait échoué en 1968, Chirac et Devaquet aussi en 1986. Macron lui a réussi ! Et il a multiplié par 16 les droits d'inscription pour les étudiants étrangers (hors UE), prélude à la généralisation de leur augmentation pour tous. Dans les lycées, la réforme se traduit par une diminution massive des heures de cours, la remise en cause des contenus disciplinaires et de la qualification des professeurs

- Destruction de l'enseignement professionnel public : le gouvernement remet la formation professionnelle entre les mains du patronat, favorise outrageusement l'apprentissage, le cursus du Bac pro est à nouveau réduit, l'enseignement général en LP bradé, la qualification des diplômes délivrés en LP disparaît

- Mise au pas des enseignants à travers la loi Blanquer, qui s'applique déjà : mesures de mutations disciplinaires contre des militants syndicaux, intimidation des collègues à travers des convocations par la hiérarchie en guise d'avertissement, etc.

            La responsabilité des directions syndicales est totalement engagée dans l'avalanche de coups qui nous frappent : concertation continue...

Il n'y a rien de fatal dans cette avalanche. Tout dépend de l'orientation syndicale. Pour frapper, le gouvernement s'est en permanence appuyé sur la collaboration constante des directions syndicales, en premier lieu celle de la FSU à travers le dialogue social.

Pour la loi FP, à l'Assemblée, Dussopt s’est félicité ouvertement de 15 mois de « concertations intenses ». L'alibi selon lequel il faudrait aller aux concertations "pour y défendre les revendications" est misérable. D’abord, peu importe ce qui y est dit, ce qui compte pour le gouvernement, c’est la présence des responsables syndicaux qui lui sert de caution. De plus, leur préoccupation, ce n'est pas le statut des collègues, ce sont les postes de permanents syndicaux comme l'indique la déclaration de la CGT à Dusssopt, lors de la concertation du 18 juillet 2018 : "Nous vous demandons solennellement de prendre dès aujourd’hui un engagement (…) : que vos réformes régressives des organismes consultatifs n’auront pas de répercussions négatives sur le volume des droits attachés à l’exercice des mandats syndicaux et à ceux des représentants des personnels. " Et la délégation FSU a insisté aussi sur « la nécessité de réévaluer les droits syndicaux et a minima de les conserver y compris si l’architecture des instances change. »

            ... et journées d'action à répétition évacuant les véritables revendications

En même temps que se tient quotidiennement la concertation avec le gouvernement, les collègues sont appelés périodiquement à une kyrielle de journées d'action. Soit ces journées d'action écartent carrément la revendication de retrait des contre-réformes, soit elles la noient dans toute une série de "revendications" totalement étrangères aux collègues. Le 4 avril chez les enseignants, au nom de "l'unité", la revendication de retrait de la loi Blanquer est passée à la trappe, alors que le 19 mars les profs d'école étaient massivement mobilisés pour son retrait. Dans la Fonction Publique, au soir du 9 mai, alors même que la loi gouvernementale était sur le point d'être adoptée, Bernadette Groison dans le Café pédagogique se félicitait d'avoir entendu "le gouvernement ouvrir quelques portes" (sic !). Alors que ce 9 Mai, il était encore possible d'appeler les collègues en grève à une manifestation centrale à l'Assemblée Nationale pour empêcher l'adoption de la loi, les enseignants étaient appelés à manifester seuls à Paris dix jours après, un samedi, et sans mot d'ordre !

L’instauration de l’Etat policier : 2000 arrestations, 800 condamnations depuis novembre dernier d’après le gouvernement lui-même ! Une personne tuée, 283 blessés, 24 éborgnés, 5 mains arrachées d’après Le Monde sur la même période : l’Etat policier se met en place. C’est de l’intérieur même de la manifestation que notre camarade Olivier Sillam a été violemment interpellé par les flics, frappé, gardé à vue. Demander comme le fait la direction de la FSU, par la voix de B. Groison que "la police protège le droit de manifester", c’est demander aux incendiaires d’éteindre le feu ! C’est la responsabilité des organisations syndicales et de leur service d’ordre d’assurer la sécurité des manifestants face aux agressions policières !

            La question décisive des retraites

Le gouvernement entend bien continuer et accélérer au lendemain des Européennes : remise en cause des droits des chômeurs, budget 2020 de "baisse de la dépense publique". Et il y a surtout la contre-réforme des retraites. E. Philippe l'a dit clairement : les régimes spéciaux seront liquidés et en particulier le code des pensions et ses garanties subsistantes. Il a indiqué que la contre-réforme serait particulièrement meurtrière pour les enseignants. La réforme augmenterait de facto l'âge de départ à 64 ans (à travers la notion d' "âge d'équilibre"). Plus de garantie du montant de la retraite puisque la valeur du point serait variable !

Là encore, la concertation Delevoye a joué son rôle depuis 18 mois. En même temps que les directions syndicales faisaient état de manière purement formelle de leur "opposition" à la réforme, elles l'élaboraient de manière détaillée dans le cadre de la concertation (une des dernières réunions portait sur la "gouvernance" du nouveau système !). Depuis, le COR, toujours au service du gouvernement, a fourni un rapport très opportun sur les "déséquilibres" à venir des régimes de retraite.

Cette orientation conduit droit à la catastrophe. A l'inverse, la seule orientation qui peut permettre de stopper le gouvernement est celle que le délégué Front Unique a défendue au congrès national du SNUIPP : « Le projet gouvernemental de contre-réforme des retraites prévoit la liquidation des régimes spéciaux, dont le code des pensions, l’instauration d’un système à points, un âge pivot avec pénalisation. Il s’agit de diminuer le montant des retraites et des pensions, d’augmenter la durée de cotisations et de reculer de fait l’âge de départ à la retraite. Par conséquent, le congrès national du SNUipp, réuni à Perpignan du 3 au 7 juin 2019, refuse toute discussion sur ce projet gouvernemental et en exige le retrait pur et simple. » (26% des votes pour cette motion).

La rupture de la collaboration des directions syndicales – et en premier lieu de la FSU – avec le gouvernement, la reprise par celles-ci des véritables revendications ne pourront être imposées que par l’intervention massive des travailleurs. Le vote des syndiqués de la FSU peut y contribuer.

Pour la rupture avec le gouvernement, pour l’affronter et lui faire ravaler sa contre-réforme des retraites, votez Front Unique ! (frontunique.com)

Contre l’impérialisme français et en particulier son soutien au régime algérien

Depuis 4 mois, travailleurs et jeunes algériens manifestent pour en finir avec le régime de corrompus et de voleurs qui dirigent l’Algérie. Le pouvoir algérien enferme et assassine (un militant mort en prison). Est-il acceptable que notre fédération se refuse au moindre soutien réel aux travailleurs et jeunes algériens ? Il faut se féliciter de la prise de position du congrès national du SNUIPP pour une manifestation de front uni à l’ambassade d’Algérie sur cet objectif. Cette position doit immédiatement être reprise et mise en œuvre par la FSU.


retour à l'accueil