LETTRE DE LIAISON


des militants combattant
pour le FRONT UNIQUE
des syndicats de l'enseignement public


N° 99 - 10 novembre 2005
CDFN des 8 et 9 novembre Les représentants de notre courant sont intervenus:

FRONT UNIQUE POUR LA LEVEE IMMEDIATE DE L'ETAT D'URGENCE!


Présentation

Nous rendons compte ici d'abord de l'intervention faite par notre courant sur la question de l'Etat d'urgence, même si chronologiquement elle n'a pas été la première prononcée. Tout le monde comprend que cette question était la question essentielle dans un CDFN qui débutait quelques heures après la déclaration de Villepin.

La direction de la FSU n'a pas fait exception à la règle unanime adoptée dans les sommets des organisations ouvrières: pas question d'exiger la levée de l'Etat d'urgence!

C'est-à-dire pas question de rompre avec le gouvernement et d'engager le combat contre lui!

Sans doute l'exigence que ce mot d'ordre soit inscrit dans la déclaration de la FSU a été énoncée par plusieurs membres du CDFN. Mais au bout du compte a prévalu l'orientation de l'appareil de plus en plus profondément engagé dans la mise en œuvre de la politique gouvernementale. Ainsi avons-nous appris que la FSU siégeait au CA de la caisse additionnelle de retraite des fonctionnaires (Ce CA se prononce sur les investissements réalisés par ce fonds de pension par capitalisation créé par la loi Fillon). La demande que la FSU sorte de ce CA (soutenue par FU et à la demande d'Emancipation)a reçu 15 voix et a été minoritaire. Ainsi malgré la demande de plusieurs membres du CDFN, la participation à l'observatoire de l'emploi public se traduit par l'élaboration par les directions syndicales de "fiches - répertoire des métiers", c'est-à-dire de fiches dans lesquels les directions syndicales sont invitées à élaborer elles même les mesures de déqualification et de polyvalence. La direction non seulement n'a pas décidé de quitter le dit observatoire, mais ne s'est même pas engagé à ne pas remplir les dites fiches!

Les trois motions présentées par Front Unique ont été rejetées par l'appareil. Celle - la plus importante - sur l'Etat d'urgence a reçu outre le vote Front Unique, le vote d'Emancipation (UA, EE, PRSI votant contre sauf quelques abstentions).

Rien de nouveau donc dans les sommets de l'appareil syndical. Toutefois, il en va sans doute autrement parmi les travailleurs. Après les déclarations de Sarkozy pour l'expulsion des jeunes immigrés réguliers ou non qui seraient impliqués dans les affrontements (la justice expéditive pourvoira à cette implication!), la volonté s'exprime que soit organisée la mobilisation immédiate dans le cadre du front unique des organisations pour la levée de l'Etat d'urgence. Nous invitons nos collègues, partout, dans les jours qui viennent, à faire valoir cette exigence.

Intervention de Roland MICHEL sur la question de l'Etat d'urgence (mercredi 9 novembre)

La décision de Villepin de promulguer l'Etat d'urgence est une attaque sans précédent contre les libertés démocratiques.

Il ne s'agit pas seulement du couvre feu. Il s'agit de la possibilité pour la police de perquisitionner de jour comme de nuit sans mandat d'un juge. Il s'agit de la possibilité pour le préfet d'assigner à résidence. Il s'agit de la possibilité pour lui de fermer un lieu public, d'interdire une réunion, de censurer la presse, etc.

Les affrontements - dont le gouvernement porte l'entière responsabilité - dans les banlieues ont donné au gouvernement l'occasion de cette remise en cause des libertés démocratiques. Mais elle s'inscrit après la réquisition par le même gouvernement des bagagistes de Roissy en grève, après la décision du tribunal de déclarer illégale la grève de la RTM.

Elle est une attaque en règle contre le droit du mouvement ouvrier d'exister, de s'organiser, de combattre.

Dès lors l'exigence qui en découle n'est-elle pas évidente: front unique pour le retrait ou la levée de l'Etat d'urgence? Or la lecture attentive de la presse ce matin le manifeste. A cet instant pas une seule organisation du mouvement ouvrier ne réclame cette levée de l'Etat d'urgence!

La direction du PS en réclame un "usage modéré". Ayrault a réclamé un "pacte de non-agression des forces démocratiques", c'est-à-dire un pacte avec ceux qui viennent de porter la plus violente offensive contre les droits démocratiques.

J'ai lu l'appel à "une action nationale" de la direction de la CGT sur "l'exigence de négociations pour l'emploi, le pouvoir d'achat, la dignité, la lutte contre les discriminations", etc.

D'exigence de la levée de l'Etat d'urgence; il n'est pas question!

La responsabilité de notre CDFN est donc de première importance.

Qu'il se prononce pour le retrait immédiat de l'Etat d'urgence! Qu'il s'adresse aux organisations ouvrières, particulièrement la CGT et FO pour l'exiger ensemble du gouvernement! Que, si ce dernier refuse d'obtempérer, les organisations appellent ensemble à la grève, à la manifestation nationale sur le mot d'ordre: A bas l'Etat d'urgence! C'est ce que propose notre courant à ce CDFN.

Intervention d'Olivier Rougerie dans le débat général, mardi 8 novembre.

Je voudrais revenir sur la situation de ces dernières semaines en partant de ce qu'a dit notre secrétaire général dans son rapport introductif. Il a expliqué: dans certains endroits il y a eu "30 jours de grève, et ça ne bouge pas"! Il va bien falloir se poser la question: Pourquoi?

Coup sur coup, les travailleurs, après avoir engagé le combat contre le gouvernement, puis la mairie de Marseille, à la SNCM et à RTM viennent d'être battus.

Il est inutile de nier que ces défaites pèsent sur tous les travailleurs.

Dans les deux cas, le gouvernement, l'Etat bourgeois, se sont disposés pour faire plier les travailleurs: menace de dépôt de bilan pour la SNCM, déclaration de l' "illégalité" de la grève à la RTM. A la SNCM, les travailleurs ont été trahis par ceux qui avaient mandat de les défendre: les dirigeants de la CGT ont commencé par réclamer une "autre privatisation".

A la RTM, les traminots ont été isolés. Alors que les menaces de réquisition posaient la question de la manifestation de toute la population laborieuse marseillaise en direction de la mairie, contre Gaudin, maire de Marseille, numéro 2 de l'UMP, pour le faire plier, a été organisé en journée et sans appel à la grève une manifestation… au siège du MEDEF, et non là où était celui qui avait pris la décision de privatiser le tramway!

Aujourd'hui, le refus obstiné des dirigeants syndicaux, comme du reste du PS et du PCF, de prendre en charge l'affrontement contre ce gouvernement, la politique de la concertation qui conduit à approuver (avec ou sans signature) la mise en place des CDD seniors, à négocier la liquidation des indemnités chômage, rejettent dans une violence sans espoir et aveugle les franges les plus déshéritées de la jeunesse.

Cette jeunesse est sans issue parce que ceux qui ont vocation à ouvrir une solution politique à leur situation de misère ne l'ouvrent en aucune manière. La première des solutions est d'affronter le gouvernement pour le défaire. C'est de cette situation que s'accumulent les éléments de putréfaction sociale et politique dont de dangereux signes ont été donnés l'an dernier, avec l'assaut mené par les loubards contre les cortèges lycéens. Cette situation est caractéristique d'une grande décomposition sociale. Oui, la responsabilité des dirigeants du mouvement ouvrier est première. La responsabilité des dirigeants de notre fédération également.

Par contre, la politique de concertation vient de donner encore quelques résultats instructifs, par exemple avec le PACTE pour la recherche que vient de sortir le gouvernement de Villepin. Que nous propose-t-on encore aujourd'hui?

Une concertation sur "l'emploi des seniors", sur "la pénibilité retraite" qui n'est autre que l'application de la contre réforme Fillon.

Une concertation sur la liquidation des droits des chômeurs. Une concertation dans la fonction publique qui a explicitement pour objectif de liquider le statut de la Fonction publique.

En ce qui concerne un domaine où la responsabilité de la direction de la FSU est directement engagée, on atteint des sommets lorsqu'on voit toutes les fédérations de fonctionnaires associées à la gestion de la retraite par capitalisation, distinguant les bons des mauvais fonds de pension!!

Le complément de la concertation, ce sont les diverses journées qui ont toutes pour caractéristique d'éviter tout affrontement avec le gouvernement.

Le 19 novembre, on nous propose une manifestation à l'Assemblée nationale, un samedi, lorsque celle-ci ne se réunira pas! Le 24 novembre, les collègues de l'éducation nationale sont appelés à faire grève, après le vote du budget de l'enseignement par l'Assemblée nationale!

Il faut en finir avec cette concertation. Il faut décider que la direction de la FSU ne participera pas aux concertations et groupes de travail de démantèlement du statut de la Fonction Publique, qu'il n'y a rien à négocier sur le plan de "modernisation de l'Etat" annoncé par de Villepin, plan de suppression massive de postes, de remise en cause des garanties en matière d'horaires, qu'il n'y a pas à discuter du prétendu échange: suppression de postes contre salaire.

La rupture avec le gouvernement, c'est la première condition pour que soit organisée la mobilisation pour balayer son offensive réactionnaire, et pour ce qui concerne les responsabilités particulières de la FSU, son budget, les décrets de la loi Fillon, la loi de liquidation de la Recherche Publique.

Alors, il existe encore une toute dernière possibilité pour que soit organisée une manifestation contre l'Assemblée nationale UMP illégitime, pour lui interdire de voter le budget 2006 de l'enseignement.

C'est maintenant que le CDFN doit prendre une telle décision en s'adressant aux autres fédérations de fonctionnaires.


Intervention d'Olivier Rougerie dans le débat général, mercredi 9 novembre.

Camarades,

Il faut le dire: ce gouvernement est un gouvernement de classe qui mène une politique au service de la classe patronale.

S'appuyant sur la situation dans les "banlieues", de Villepin vient d'annoncer l'apprentissage à 14 ans: c'est la fin de la scolarité obligatoire jusqu'à 16 ans. Cette politique ultra réactionnaire de déscolarisation est le couronnement de toute la politique gouvernementale!

Aujourd'hui, contre cette politique, il faut organiser tant qu'il en est encore temps le combat contre le budget de l'enseignement qui doit être discuté le 14 novembre, contre la loi Fillon et ses décrets d'application destructeurs qui s'inscrivent dans cette perspective.

Il est donc encore possible, mais c'est l'ultime limite, d'organiser une puissante manifestation contre l'Assemblée nationale UMP, sur les mots d'ordre:

A bas le budget de l'enseignement 2006 de suppression massive de postes.

A bas la loi Fillon, abrogation des décrets!

A bas l'apprentissage à 14 ans!

Le gouvernement, par l'intermédiaire de son ministre Jacob poursuit et accentue l'offensive contre la fonction publique et les statuts des fonctionnaires. Il a fait aujourd'hui même ces propositions dans un document rendu aux responsables syndicaux, avant l'ouverture de concertations le 6 décembre.

Quelles sont-elles?

Le figaro de ce matin nous donne une idée claire de ce qu'il en est: sur le soit disant "volet salarial", Jacob propose la même chose que son prédécesseur Dutreil, la mise en place du salaire trinôme: "C. Jacob propose aux syndicats "d'aborder la discussion sur (…) 2006 2007 autour de trois volets: les composantes fixes de l'évolution de la masse salariale (point d'indice, avancement automatique d'échelon, mesures catégorielles), les composantes variables, notamment en fonction de l'évolution du PIB et des gains de productivité dégagés par l'administration, l'intérêt de pérenniser ou d'améliorer le système d'indemnité exceptionnelle". […] Depuis des semaines C. Jacob répète que le point d'indice "n'est pas le seul élément du pouvoir d'achat"!

Face à cette offensive, que nous propose-t-on? La manifestation le 19 novembre pour "la défense des services publics". Peut-on dans le même temps discuter de la contre réforme de la Fonction publique que propose Jacob? Non!

La position de notre fédération, qui a dans ce domaine une grande responsabilité, doit être claire et nette: boycotter ces futures concertations avec Jacob.

C'est le sens des motions Front unique déposées sur ces deux points.

Motion: Front Unique contre l'état d'urgence

Le gouvernement Chirac Villepin Sarkozy utilisant les affrontements qui se sont produits dans de nombreuses agglomérations, affrontement dont il porte l'entière responsabilité vient de décider de porter une attaque sans précédent contre les libertés démocratiques à travers la promulgation de l'état d'urgence.

C'est un pas qualitatif dans la remise en cause des libertés ouvrières et démocratiques après la réquisition des bagagistes de Roissy, après la décision du tribunal déclarant illégale la grève à la RTM.

Le CDFN de la FSU se prononce contre l'état d'urgence, pour son retrait immédiat.

Il s'adresse à l'ensemble des organisations ouvrières en premier lieu à la CGT et à Force Ouvrière pour:

- s'adresser en commun au gouvernement pour exiger ensemble le retrait immédiat de l'état d'urgence

- au cas où le gouvernement refuserait d'obtempérer, appeler ensemble à la grève et à la manifestation centrale, nationale, pour le retrait de l'état d'urgence.

Pour 4 ; Contre 34 ; Abstentions 11 ; Refus de Vote 9


Motion: "Fonction publique".

Le CDFN de la FSU constate que le gouvernement a décidé d'ouvrir des discussions sur la Fonction Publique dans les prochains jours.

Nul ne doute que l'objectif de ces discussions sera la mise en œuvre de ce que Villepin a annoncé lors de son discours du 27 octobre: diminution de postes, remise en cause du statut, mobilité interministérielle, augmentation du temps de travail, salaire au mérite.

En conséquence, le CDFN de la FSU décide le boycott de cette concertation sur la contre réforme de la Fonction publique.

Il décide de contacter les autres fédérations de fonctionnaires pour qu'elles prennent une telle position.

Pour 1 ; Contre 52 ; Abstentions: 2 ; RV: 5


Motion: "A bas le décret remplacements - A bas le budget éducation nationale".

Le CDFN de la FSU constate que le gouvernement Chirac-de Villepin applique depuis la rentrée la loi d'orientation Fillon de destruction de l'enseignement public. Il considère que les décrets d'application de cette loi, en particulier le décret relatif aux remplacements des absences dans le secondaire, sont un très sérieux coup porté au statut des enseignants, mais au-delà aux statuts des personnels de toute la Fonction publique.

Le CDFN considère par ailleurs que le projet de budget 2006 relatif à l'éducation nationale, que doit discuter le lundi 14 novembre l'Assemblée nationale UMP avant adoption, correspond tout simplement à l'application de la dite loi: ce sont 4500 postes d'enseignants qui sont supprimés.

- Le CDFN se prononce pour le retrait immédiat de tous les décrets d'application de la loi Fillon et particulièrement le décret relatif aux "remplacement" des enseignants absents dans le secondaire.

- Il demande que dans les établissements où les CA qui ont à l'ordre du jour le protocole sur les remplacements n'ont pas encore eu lieu, leur boycott soit organisé.

- Le CDFN se prononce: A bas le budget 2006 de l'éducation nationale.

Considérant qu'il est encore possible de défaire le gouvernement, il se prononce pour l'organisation d'une puissante manifestation de tous les personnels de l'éducation nationale à l'Assemblée nationale, le jour de l'ouverture de la discussion publique prévue le 14 novembre.

Il s'adresse de manière urgente aux autres fédérations de fonctionnaires pour en faire de même.

Pour: 1 ; Contre: 43 ; Abstentions: 12 ; Refus de vote: 8


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