LETTRE DE LIAISON
des militants combattant
pour le FRONT UNIQUE
des syndicats de l'enseignement public
N° 96 - rentrée 2005
Lettre de Liaison rentrée 2005 Spécial Collèges - Lycées
La responsabilité des organisations syndicales, en particulier celle du Snes FSU est de se prononcer pour le retrait immédiat de tous les décrets d'application de la loi Fillon. Elles doivent en conséquence rompre toute discussion sur la rédaction de ces décrets.
Les directions syndicales doivent appeler, NATIONALEMENT, au BOYCOTT:
Ø Des réunions visant à élaborer le protocole sur les remplacements.
Ø Des Conseils d'administration chargés d'entériner le protocole.
Le 23 avril 2005, ce qui était encore le gouvernement Chirac Raffarin faisait adopter par l'Assemblée nationale UMP la loi d'orientation Fillon sur l'éducation. C'est bien cette loi, que des milliers de lycéens ont combattu en demandant son "retrait pur et simple" , que le "nouveau" gouvernement Chirac De Villepin Sarkozy entend aujourd'hui appliquer par l'intermédiaire de son "nouveau" ministre De Robien. Et ce, malgré la défaite infligé à Chirac et son gouvernement le 29 mai lors du référendum par les travailleurs, et parmi eux un grand nombre d'enseignants et de personnels de l'éducation nationale.
A bas les décrets d'application de la loi Fillon.
La loi, qui se met en place dès cette rentrée avec l'application des décrets, est un sévère coup porté au statut des enseignants, à leur qualification, ainsi qu'à la qualité de l'enseignement dispensé aux élèves. Mais c'est aussi d'une façon plus générale, un grand coup porté au statut de la Fonction publique.
Mise en place du socle commun collège, arrivée de 1500 Assistants pédagogiques (qui se verront confiés des tâches jusqu'à présent dévolus aux enseignants et qui donc constituent une attaque contre les qualifications), Conseil pédagogique (pour le moment "différé"), mention complémentaire au Capes qui anticipe la bivalence au collège et lycées, nouvelle 3ème et entrée massive de l'apprentissage, concours 3ème voie, etc…
Rupture immédiate des concertations sur le décret relatif aux remplacements.
Au cœur de la loi se trouve le décret relatif aux remplacements. Il prévoit que les enseignants devront assurer dans la limite de 60 heures annuelles et de 5 heures hebdomadaires les absences de courte durée (moins de deux semaines). Outre la surcharge de travail évidente imposée aux enseignants, c'est le statut même de l'enseignant qui est remis en cause: à un concours correspond une discipline (à l'exception des PLP déjà bivalent). Avec les remplacements, les compétences imposées sont élargies à bien d'autres domaines, en particulier celui de la simple surveillance par exemple …
Comment le gouvernement entend s'y prendre pour que la mesure s'applique réellement ?
De Robien a d'abord prévu un sas de décompression jusqu'au 1er janvier 2006, date à laquelle les enseignants seront contraints et obligés de se plier à loi. Mais l'aspect fondamental n'est pas là. C'est au niveau local, sous la responsabilité des chefs d'établissements que se fera la mise en œuvre: "Il appartient au chef d'établissement d'en être l'artisan en incitant une démarche incitative et participative. Pour ce faire, il se concertera avec les équipes pédagogique de l'établissement" (Circulaire du ministère adressée aux chefs d'établissement).
Des réunions sont ainsi prévues dans chaque établissement pour l'élaboration d'un "protocole" avant le 15 octobre, celui-ci devant être ensuite soumis au Conseil d'administration.
De Robien est d'ailleurs très clair dans la lettre qu'il nous a tous adressée: "Cette question [des remplacements] a fait l'objet d'une intense concertation que j'ai menée avec les organisations syndicales. J'ai approuvé leur souhait d'organiser librement et dans la concertation au sein des établissements du second degré ces remplacements […]. Cette concertation devra aboutir pour la fin de l'année 2005".
La grande majorité des enseignants ont conscience de l'importance de l'application d'un tel décret et nombre d'entre eux sont prêts à refuser de se prêter au "jeu" des remplacements. Dans de nombreux établissements déjà les collègues ont exprimé cette volonté tels les enseignants du Collège de Trémonteix qui ont décidé de refuser dans leur établissement toute discussion sur la mise en œuvre du décret.
Mais comment faire en sorte que le gouvernement soit contraint de retirer ses décrets destructeurs? Comme à son habitude, le gouvernement entend consulter, concerter les personnels, mais surtout les représentants syndicaux, comme il l'avait fait pour le rapport Thélot, puis dans le cadre de l'élaboration de la loi Fillon.
On sait maintenant où ont mené toutes ces concertations!
La responsabilité des dirigeants syndicaux est engagée.
Les directions syndicales ont ici une grande responsabilité: comment comprendre les propos de Bernard Boisseau, co-secrétaire du Snes lorsqu'il écrit à propos de De Robien dans l'éditorial du dernier US daté du 26 août 2005: "Pas question de mettre ici en doute la bonne volonté du ministre"!!
On ne peut pas déclarer comme le fait la direction du Snes dans le même US: "refusons ensemble les remplacements "de Robien" " et déclarer dans le même temps que "le non remplacement des professeurs absents est un problème récurrent" et donc qu'il faut "de vraies solutions pour les remplacements" et pour ce faire utiliser "les meilleurs moyens de nous faire entendre au moment du passage du protocole au CA"! De Robien ne demande pas mieux …!
Ce n'est pas non plus la lettre à de Robien envoyée par M-E Brunet, secrétaire générale du SNLCFO demandant "d'ouvrir des discussions nécessaires" qui fera reculer le gouvernement.
On ne peut pas demander d'un côté l'abrogation de la loi Fillon et de l'autre participer aux discussions visant à l'application des décrets de cette même loi!!
Au contraire, les directions syndicales doivent rompre toutes les discussions avec le gouvernement. Les collègues doivent exiger une position nationale claire des directions de leurs organisations syndicales, se prononçant pour:
Ø Le retrait sans condition des décrets d'application de la loi Fillon
Elles doivent donner nationalement et pour tous les établissements la consigne de boycott pur et simple de toutes les réunions de concertation, en particulier celles qui visent à élaborer, établissement par établissement le protocole sur les remplacements.
Le gouvernement a décidé de donner au Conseil d'administration un rôle de mise en place du décret (élaboration du protocole, contrôle mois par mois de sa mise en œuvre. C'est la responsabilité des dirigeants syndicaux, en particulier du SNES de dire: nul au nom du syndicat ne peut se transformer en relais de la politique du gouvernement, en contrôleur de sa bonne mise en œuvre par ses collègues. La responsabilité des dirigeants syndicaux, en particulier du SNES est de décider: boycott des Conseils d'administration.
Telle est la première décision qui doit être prise pour obtenir le retrait du décret et à travers lui de porter un coup décisif à la loi Fillon.
C'est cette bataille que le courant front Unique avec les collègues entend organiser.