LETTRE DE LIAISON


des militants combattant
pour le FRONT UNIQUE
des syndicats de l'enseignement public


N° 72, 14 mai 2002


La prise en charge par les organisations ouvrières (PS, PCF, directions syndicales) a conduit au vote plébiscite pour Chirac.
Front Unique des organisations ouvrières contre le gouvernement Chirac -Raffarin!
Résister à l’offensive de la bourgeoisie implique de lutter pour le boycott de la “participation”,
le refus de tout “dialogue social” !


Ainsi, Chirac a obtenu le plébiscite qu’il recherchait, et il l’a obtenu grâce au soutien décisif de l’ensemble des directions du mouvement ouvrier : le PS, le PCF auxquels il faut rajouter la LCR (pour ne parler que de ceux qui ont ouvertement appelé à voter Chirac) ; quant aux dirigeants de la CGT, de la FSU, du SE après avoir refusé, de même que FO, d’appeler à un vote de classe au premier tour (pour le candidat du parti ouvrier de son choix), ils se sont ralliés, au second tour, au vote Chirac (les dirigeants de FO se sont bien gardés d’appeler à voter contre les deux candidats bourgeois restés en lice au second tour). Ils sont totalement responsables de la victoire que vient de remporter la bourgeoisie. On connaît l’argument “officiel” avancé par l’ensemble de ces dirigeants : il y aurait eu en France un “danger fasciste” contre lequel le vote Chirac constituait le barrage. Pourtant, les dirigeants qui agitaient ainsi le spectre du fascisme savaient qu’il n’y avait en réalité aucun progrès significatif du vote Le Pen au premier tour par rapport à 1995 (plus 200.000 voix) ; et le score obtenu par Le Pen et Megret au premier tour est inférieur de 500.000 voix au score de Le Pen et de Villiers en 1995 (d’ailleurs le résultat de Le Pen au deuxième tour est la simple addition des voix obtenues par ces deux candidats au premier tour). Par contre, il y avait effondrement du vote pour le PS et le PCF (moins 4.000.000 voix) : c’est la véritable raison de la présence de Le Pen au second tour. Cette situation est le produit de la politique des gouvernements PS-PCF-Verts-Radicaux-MDC que les dirigeants syndicaux ont soutenu continûment pendant cinq ans (voir déclaration au BDFN de la FSU du courant Front Unique du 22 avril, le lendemain du premier tour).

Ce n’est donc pas à cause du prétendu danger fasciste que les dirigeants syndicaux ont appelé à voter Chirac. C’est à cause de leur soumission éhontée à la bourgeoisie française et à ses impératifs. Ses impératifs ont été énoncés avec clarté par un autre supporter - ou plutôt le premier supporter de Chirac - Antoine Sellière, président du MEDEF. Dans sa conférence de presse, Sellière a déclaré souhaiter qu’“à l’issue de ces élections présidentielles et législatives, les conditions politiques soient pleinement réunies pour qu’enfin la France s’engage résolument dans un grand programme de réformes structurelles(...) Cela signifie que le président nouvellement élu doit pouvoir former le gouvernement de son choix”. Or, le 21 avril, Chirac perdait plus de 800 000 voix par rapport à 1995 et le RPR et l’UDF réalisaient 3,4 millions de voix de moins qu’au premier tour des présidentielles de 1995.

En clair Sellière considérait que la première étape pour mettre en œuvre le programme exigé par le Medef était d’assurer un vote massif pour Chirac ; cet objectif est atteint. La seconde étape est d’assurer une large majorité à l’Assemblée à l’UMP (Union pour la Majorité Présidentielle, nouveau parti des godillots du président que Chirac est en train d’essayer de mettre en place). On pourra enfin, et au pas de course, s’en prendre aux conquêtes ouvrières subsistantes parmi lesquelles en premier lieu figurent le régime des retraites et des pensions des fonctionnaires, le statut de la Fonction Publique, l’existence de Enseignement public national. Pour accomplir cette tâche, Chirac et Sellière comptent fermement sur le soutien indispensable des directions syndicales. Le soutien constant de celles-ci aux attaques anti-ouvrières du gouvernement dirigé par Jospin, leur récente position unanime pour le vote Chirac, montrent que la bonne volonté des dirigeants syndicaux leur est garantie. Ainsi, dès le 7 mai au soir, alors qu’est mis en place le gouvernement de Chirac par la seule volonté d’un président s’appuyant sur les institutions réactionnaires de la Vème République, Blondel pour Force Ouvrière, et Aschieri pour la FSU, légitiment ce gouvernement : le premier estimant que la composition du gouvernement était un bon présage pour une collaboration efficace, le second s’inquiétant que ce gouvernement puisse hésiter à aborder la question de l’enseignement...

C’est ce dont témoigne encore l’interview donnée par Thibault aux Echos le 30 avril. Interrogé par le journal patronal pour savoir si la direction de la CGT était “prête à négocier sur les retraites” (c’est à dire, nul ne peut sérieusement en douter, à négocier la liquidation des retraites), Thibault répond : “La CGT s’inscrira dans une négociation qui doit d’abord conforter le régime par répartition. Et c’est possible moyennant une modification d’un certain nombre de paramètres. Par exemple, nous n’accepterons pas que l’on dise traiter le problème en alignant simplement la durée des cotisations des salariés du public sur ce que l’on a imposé à ceux du privé.” Thibault revendique non le refus de tout alignement, c’est à dire le maintien de la pension à taux plein à 37,5 annuités. Il revendique de ne pas en rester à cette “simple” mesure... Comme Thibault, qui indique que “Le prochain gouvernement devra écouter les organisations syndicales”, les dirigeants de la FSU, des ses syndicats, dans la continuité de leur appel à voter Chirac, s’apprêtent à collaborer à l’offensive anti-ouvrière du gouvernement Chirac-Raffarin. Cela ne peut conduire qu’à de nouvelles défaites, à détruire les organisations syndicales comme organisations de classe.

Les organisations syndicales ont été construites par le prolétariat pour assurer sa propre défense. La classe ouvrière ne peut accepter sans rien dire de se faire déposséder de ses propres organisations. Pas plus qu’elle n’a accepté, quoi qu’on en dise, sans résistance d’être entraînée dans la funeste opération d’union nationale derrière Chirac. D’après un sondage, près d’un électeur sur quatre des partis de la “gauche plurielle” a refusé de voter Chirac, cherchant à résister au rouleau compresseur de l’union nationale. C’est sans doute davantage, si on ne tient compte que des votes exprimés par les candidats des partis ouvriers PS et PCF auxquels on peut rajouter les candidats de la LCR, de LO et du PT.

Ce gouvernement Chirac Raffarin, a comme fonction de répondre aux attentes immédiates de la bourgeoisie et de gagner ainsi les élections législatives. Sur cette base, l’offensive de ce gouvernement se développera contre l’Enseignement Public, les acquis statutaires, l’ensemble des acquis ouvriers en s’appuyant sur le “dialogue social” inscrit dans le programme de Chirac. Résister à cette offensive implique de lutter pour la rupture des directions syndicales avec la bourgeoisie, ses plans, pour le refus du “dialogue social” avec le gouvernement Chirac-Raffarin. Exprimer cette volonté de préserver ses organisations, organiser ce combat, telle est la tâche de notre courant syndical : le courant Front Unique.
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