LETTRE DE LIAISON


des militants combattant
pour le FRONT UNIQUE
des syndicats de l'enseignement public


Lettre de liaison N°170 - 7 juin 2010

Intervention au titre du courant Front Unique au Bureau National de la FSU du 31 mai

Palestine (débat sur le projet de communiqué FSU)

Le moins que la FSU puisse dire, à propos des meurtres commis cette nuit par l'armée israélienne, c'est que non seulement ils ont été commis de sang-froid, mais encore qu'Israël avait reçu au préalable le feu vert du gouvernement Sarkozy-Fillon, de l'Union Européenne et des gouvernements qui la composent. Le communiqué de la direction fédérale propose d' " interpeller " le gouvernement... mais Sarkozy est complice d'Israël. Netanyahu a été reçu avec les honneurs à Paris mercredi dernier pour célébrer l'intégration d'Israël à l'OCDE. L'intervention contre la flottille " Liberté pour Gaza " n'était pas un mystère. L'accueil de son premier ministre valait consentement. Et n'oublions pas qu'une frégate française a été associée par Sarkozy au blocus de Gaza en février 2009. Il en va de même de l'Union Européenne et des gouvernements qui la composent. Même les quelques " députés européens " qui voulaient embarquer à bord de la flottille humanitaire se sont heurtés à une interdiction de le faire en zone chypriote grecque: un cordon policier leur a barré l'accès au port.

Comment s'étonner a posteriori de la violence des troupes israéliennes? Ce qu'elles ont fait contre la flottille humanitaire, elles le font tous les jours contre les palestiniens. Israël a agi en parfaite connaissance de cause, eût égard à l'impunité totale qui lui est assurée par Washington, Paris et consorts. A quoi rime-t-il dès lors de s'adresser à Sarkozy ou à Kouchner? Bien au contraire, la FSU doit dénoncer leur soutien à Israël. Et elle doit prendre en conséquence ses responsabilités pour mettre Israël hors d'état de nuire: elle doit appeler à l'organisation du boycott d'Israël par les syndicats, en organisant pour sa part le boycott académique et scientifique d'Israël, et demander en particulier aux directions CGT et FO d'organiser le boycott dans les transports et la distribution: pas un sou, pas une marchandise, pas une arme pour Israël!

Daniel Robin (SNES) et Serge Chabrol (SNEP) sont intervenus contre l'intervention du représentant Front Unique. Le secrétaire général du SNEP s'est même érigé en avocat de Sarkozy: " Tu affirmes que Sarkozy est complice d'Israël. C'est une accusation, c'est à toi de le prouver. "

Le soir même, plusieurs milliers de jeunes transformaient le " rassemblement " convoqué par divers partis, syndicats et associations à Paris en manifestation spontanée, et marchaient vers l'ambassade d'Israël en scandant: " Fermez l'ambassade " et " Israël assassin, Sarkozy complice! ". Ambassade protégée par la police.

Le combat pour le boycott d'Israël, boycott qu'il incombe aux syndicats d'organiser, conserve on le voit toute son actualité et sa nécessité.

Retraites: intervention dans le débat général

Ce n'est pas un hasard si le gouvernement a choisi de confirmer, trois jours avant le 27 mai, son objectif d'élever l'âge de départ en retraite. Ces déclarations valaient appréciation du dispositif mis en place pour cette journée de " mobilisations ". Woerth a eu beau jeu d'affirmer que les directions syndicales en étaient parfaitement informées, puisqu'un document d'orientation annonçant cette mesure leur avait été remis préalablement. Il a raison. Et du côté de la FSU, la direction fédérale, en votant contre l'exigence du retrait du projet Sarkozy-Woerth, lors du dernier Conseil National, porte la responsabilité d'avoir donné son feu vert au gouvernement.

Dès lors, et à partir du moment où la seule perspective assignée aux manifestations du 27 était de " peser sur les discussions en cours ", ce dispositif ne pouvait être qu'un couteau sans lame auquel il manque le manche... Et que nous propose aujourd'hui l'intersyndicale? Rien moins que recommencer la même chose le 24 juin, une nouvelle " journée de mobilisation ", terme choisi pour couvrir le refus de plusieurs organisations d'appeler à la grève, et dont la date suffit à indiquer qu'il s'agira d'un enterrement.

Du point de vue du calendrier gouvernemental, l'intersyndicale avec Chérèque s'aligne totalement sur les conditions de Sarkozy, laisse au gouvernement le temps de présenter son projet de loi, et lui offre la cerise sur le gâteau d'une journée au rabais.

Or, la contre-réforme est déjà écrite. Nous en connaissons les axes principaux: outre l'allongement de la durée de cotisation et l'élévation de l'âge de départ en retraite, pour les fonctionnaires, c'est immédiatement une baisse de salaire maquillée en " hausse des cotisations ". Un artifice comptable pur et simple, puisqu'il n'existe aucune caisse de retraites dans la Fonction Publique: sous prétexte de " réformer les retraites ", le gouvernement commence à infliger aux fonctionnaires ce que font les autres gouvernements d'Europe - Grèce, Espagne, Roumanie en tête.

Il n'y a rien à discuter, ce projet doit être combattu. Et pour ce faire, puisqu'une rencontre avec le ministère est programmée pour le 10 juin, la FSU doit décider immédiatement de ne pas s'y rendre et de rompre toute concertation avec le gouvernement. Plus encore, il est de la responsabilité de la direction fédérale d'exiger sans attendre le retrait du projet Sarkozy. Ne pas le faire, c'est accepter toutes les attaques d'ores et déjà annoncées.

Dans la discussion, les dirigeants des syndicats nationaux se sont faits eux-mêmes l'écho des difficultés à " mobiliser " le 24 juin, en raison notamment des examens et de la fin des cours... ce qui ne les empêche en rien d'approuver l'appel de l'intersyndicale et de continuer à prétendre " porter leurs propositions " au gouvernement.

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